Philocomix - Tome 3 - Métro, boulot, cogito

Jean-Philippe Thivet

Rue de Sèvres

  • Conseillé par
    7 octobre 2022

    Après le bonheur et la vie en société des tomes 1 et 2, Philocomix s'intéresse au travail. Et, interviennent sur ce thème pour des idées parfois totalement en opposition : Socrate, Pétrarque, René Descartes, John Locke, Adam Smith, Georg Wilhelm Friedrich Hegel, Karl Marx, Simone Weil, Martin Heidegger et Bertrand Russell. Parce que le travail prend une grande place dans nos existences et que souvent, l'on se définit par ce que l'on fait, notre job, davantage que par nos hobbies ou ce que l'on est. Le travail a aussi permis le progrès et la qualité de nos vies actuelles, mais il peut être aussi vécu comme néfaste, comme une aliénation.

    C'est Socrate qui intervient en premier pour nous rappeler les fondements de la philosophie : interroger les idées reçues, analyser les termes des énoncés, questionner leur définition et conclure par son ignorance ou la réfutation de l'idée reçue.

    L'album est très bien fait, il aide à réfléchir en appelant les plus grands penseurs, mais n'est pas trop lourd. Le dessin de M. La Mine est léger, drôle et s'adapte à chaque époque et chaque lieu, dans les décors, les couleurs et les mises en scène. La manière d'interpeller les philosophes est elle aussi dans le ton, ils sont parfois moqués, mais parviennent toujours à exposer leurs pensées. On passe de la contemplation, préférable au travail de Pétrarque, au contrat social de John Locke, en passant par l'aliénation au travail de Karl Marx pour finir par le partage du travail de Bertrand Russell. Tous ont cependant en commun que la consommation à outrance n'est pas souhaitable parce qu'elle donne plus de travail pour pouvoir se payer plus d'objets, le cercle vicieux...

    Moi qui ne suis pas philosophe mais aime bien réfléchir sur plein de sujets divers, et moi qui, surtout, n'aime pas le travail -pff, quand je pense à tout ce temps perdu-, j'ai beaucoup aimé l'album avec un penchant pour Karl Marx, Heidegger et Russell. Il m'offre des arguments -qu'il va falloir que je retienne- et permet d’ouvrir le débat autour du travail, de la consommation, du type de société et de vie que l'on souhaite... Bref, de bien belles discussions à venir.