- EAN13
- 9782735118458
- Éditeur
- Éditions de la Maison des sciences de l’homme
- Date de publication
- 25/08/2016
- Collection
- Colloquium
- Langue
- français
- Fiches UNIMARC
- S'identifier
Parler de soi sous Staline
La construction identitaire dans le communisme des années trente
Éditions de la Maison des sciences de l’homme
Colloquium
Contrairement à ce que l'on pense généralement, la société soviétique des
années trente n'a pas retenti que de paroles officielles. De fait, elle a
accordé une large place au discours individuel et, plus encore, au discours de
soi. Pour encourager cette pratique, elle en a réinventé les formes et aménagé
les lieux d'expression : du journal intime à l'autocritique publique, en
passant par l'autorapport, l'autobiographie de parti ou encore le journal de
production. Inscrites dans les routines administratives de la bureaucratie et
du parti soviétiques, ces pratiques permettaient à l'appareil d'État de
connaître et de reconnaître ses sujets, remplissant ainsi une fonction
d'objectivation. Cependant, l'acte de parler de soi est ambigu : forme de
dévoilement donnée à autrui, il est aussi, selon l'hypothèse de Michel
Foucault, un acte de subjectivation. Cette tension conceptuelle s'inscrit au
cœur du présent ouvrage. Elle permet de réviser l'interprétation du stalinisme
comme un système uniquement coercitif, comme un ensemble de moyens de contrôle
et d'interventions arbitraires dans la vie des citoyens, interprétation qui ne
tient compte ni de la genèse historique ni de la composante dynamique de tout
régime politique, aussi despotique soit-il. L'enjeu des contributions ici
réunies est plutôt de, comprendre comment le système stalinien d'avant 1945 a
pu s'imposer, et même obtenir l'approbation, la participation et la loyauté
non seulement des membres du parti, mais aussi d'une grande partie de la
population.
années trente n'a pas retenti que de paroles officielles. De fait, elle a
accordé une large place au discours individuel et, plus encore, au discours de
soi. Pour encourager cette pratique, elle en a réinventé les formes et aménagé
les lieux d'expression : du journal intime à l'autocritique publique, en
passant par l'autorapport, l'autobiographie de parti ou encore le journal de
production. Inscrites dans les routines administratives de la bureaucratie et
du parti soviétiques, ces pratiques permettaient à l'appareil d'État de
connaître et de reconnaître ses sujets, remplissant ainsi une fonction
d'objectivation. Cependant, l'acte de parler de soi est ambigu : forme de
dévoilement donnée à autrui, il est aussi, selon l'hypothèse de Michel
Foucault, un acte de subjectivation. Cette tension conceptuelle s'inscrit au
cœur du présent ouvrage. Elle permet de réviser l'interprétation du stalinisme
comme un système uniquement coercitif, comme un ensemble de moyens de contrôle
et d'interventions arbitraires dans la vie des citoyens, interprétation qui ne
tient compte ni de la genèse historique ni de la composante dynamique de tout
régime politique, aussi despotique soit-il. L'enjeu des contributions ici
réunies est plutôt de, comprendre comment le système stalinien d'avant 1945 a
pu s'imposer, et même obtenir l'approbation, la participation et la loyauté
non seulement des membres du parti, mais aussi d'une grande partie de la
population.
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