L’innéité aujourd’hui, Connaissances scientifiques et problèmes philosophiques
EAN13
9782919694181
Éditeur
Matériologiques
Date de publication
Langue
français
Fiches UNIMARC
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L’innéité aujourd’hui

Connaissances scientifiques et problèmes philosophiques

Matériologiques

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Une étude approfondie de la notion d'innéité

Dans la seconde moitié du XXe siècle, la notion d’innéité est revenue au
premier plan du débat intellectuel avec trois phénomènes connexes. Le premier
est l’essor de la génétique moléculaire, qui confortait l’idée d’un programme
contenu dans le génome, programme que l’individu biologique viendrait
réaliser. Le second est la linguistique chomskyenne, qui a mis l’accent sur la
nécessité de postuler une connaissance innée des principes de la grammaire
universelle dans l’analyse de la faculté du langage. Le troisième est la
constitution de l’éthologie, marquée par la contribution de Lorenz et par
l’idée du caractère adaptatif de schémas comportementaux innés. La philosophie
se voit ainsi invitée à repenser à une notion qui avait habité le débat
classique entre rationalistes et empiristes, une notion dont l’usage se
développe désormais dans des champs de recherche multiples et hétérogènes, qui
vont de la médecine, avec l’extension de la classe des maladies génétiques, à
la philosophie morale, puisqu’il a été par exemple soutenu que nous disposons
d’une grammaire innée des jugements moraux.
Le pari du présent volume, rédigé par des philosophes et historiens des
sciences et par une linguiste, est de proposer une généalogie du débat, de
distinguer entre les innéismes et de suggérer plutôt des solutions locales à
des problèmes distincts qu’un paradigme unificateur. Sans doute ne sommes-nous
pas, pour reprendre la formule de Leibniz, « innés à nous-mêmes », et nul ne
peut se contenter de l’universalité abstraite d’une nature humaine qui serait
toujours identique à elle-même. Mais il demeure nécessaire de réfléchir aux
conditions sous lesquelles ont lieu le développement et l’apprentissage, aux
conditions de la sensibilité au contexte et à celles de l’acquisition des
différences.

Sommes-nous, comme le pensait Leibniz, "innés à nous-mêmes" ?

EXTRAIT

On peut néanmoins se demander si la complexité du développement phénotypique
ou l’impossibilité de montrer la prédominance causale des gènes pour la
plupart des traits suffit à justifier l’abandon de la notion d’innéité. Ariew
pense au contraire que ces difficultés peuvent être surmontées et qu’il est
possible d’élaborer une approche de l’innéité compatible avec la complexité du
développement. En effet, sa conception de l’innéité redéfinie comme «
canalisation du développement » s’efforce de prendre en compte la complexité
de l’ontogénie. S’inspirant de la théorie de l’embryologiste Conrad
Waddington, Ariew assimile l’innéité à l’insensibilité à la variation de
l’environnement, c’est-à-dire au degré auquel le processus développemental est
lié à la production d’un état final particulier, en dépit des fluctuations
environnementales de la situation initiale comme des conditions rencontrées au
cours du développement.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Denis Forest est professeur au département de philosophie de l’Université
Paris Ouest Nanterre et chercheur associé à l’Institut d’histoire et de
philosophie des sciences et des techniques (IHPST), Paris. Ses recherches sur
les neurosciences sont à la convergence de la philosophie et de l’histoire des
sciences, de la philosophie de la médecine et de la philosophie de l’esprit.
Sous sa direction, plusieurs auteurs ont contribué à L'innéité aujourd'hui :
Delphine Blitman, Marion Le Bidan, Samuel Lepine, Valentine Reynaud et
Caroline Rossi.
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