La tapisserie du temps présent

Au "Pays des eaux entre les îles", dans une ville de boue, de racines, de ruines et d'ordures, règne un Président tout-puissant, que ses Tontons-esclaves secondent dans l'exercice d'un despotisme odieux et criminel. Sur "la Tapisserie du Temps présent", le soleil qui le représente fait une tache rouge. Mais face à lui, peu à peu, l'écrivain suscite l'image vengeresse du Nageur, qui refuse la mort, en particulier celle de la femme qu'il aimait. Et grâce à l'amour, son rêve immense va combattre le cauchemar du réel, jusqu'à détruire sur la falaise de son royaume éphémère le dictateur sanglant, dont "ni la terre ni la mer ne recueilleront les os".

Animé d'une passion sans merci, qui rappelle parfois la fureur des {Châtiments}, Xavier Orville réussit à mettre le lyrisme de son verbe luxuriant dans l'espérance et dans l'imprécation. Ainsi {la Tapisserie du Temps présent} apparaît-elle aussitôt comme une oeuvre d'une force inhabituelle dans nos lettres : la bombe incendiaire d'un poète-justicier.