Avec ce nouvel opus, Sean Murphy nous entraîne un peu plus profondément encore dans l’âme torturée de Batman. L’homme chauve-souris va, dans ce récit mené tambour battant, passer de l’autre côté du miroir et nous révéler sa part la plus sombre. Dans le même temps, le Joker, après absorption de pilules, devient bienfaiteur de Gotham et retrouve son identité première.
Cette inversion des rôles et des valeurs permet de mettre en lumière la fascination qu’exerce chacun sur l’autre. Jamais Batman et sa Némésis n’étaient apparus aussi proches. Le tout est porté par un dessin toujours incisif. Une réussite !

Comment trouver l’amour quand on ne peut s’empêcher de dévorer sur son passage humains et bêtes, vivants ou empaillés ?
Le Comte de Barback, reclus dans son château et sa bêtise, nourrit le projet de se marier. Il voit, dans l’esprit mordant du renard fraîchement débarqué, le moyen de parvenir à ses « faims ». Mais où trouver la délicieuse perle rare ? Et comment consommer son mariage quand on fait peur à tout le monde ?
Un récit savoureux, léger et fantaisiste, qui ravira les lecteurs friands d’histoires loufoques. Bon appétit !

Oyez ! Oyez ! Braves gens ! Votre colporteur s’en vient vous conter le périple de Dame Tilda. Vous apprendrez comment, alors qu’elle était promise au trône, elle a été contrainte à l’exil ; comment, aidée de son chevalier servant, elle affronte les dangers pour reconquérir sa place ; comment, tout en se préoccupant du bien de ses sujets, elle se retrouve au cœur d’une révolte sociale et politique portée par un livre.
Un chevaleresque merci au Sire Pedrosa pour ses dessins dignes des meilleurs enlumineurs du royaume, et à Dame Moreil, pour ce fabuleux voyage et ce très beau manuscrit qui nous renvoie à des réflexions sociales des plus actuelles.

En s’occupant de l’exploitation de ses ancêtres située au cœur de la forêt tropicale, Gabriel, dandy décadent et caractériel, espère redonner à sa famille sa gloire d’antan. Tout en faisant miroiter un Eldorado qui n’en est pas vraiment un, il convainc ses deux aînés de le suivre. Derrière des apparences de récit d’aventures exotique, c’est surtout ici un drame psychologique familial qui se joue, entre le rêve démesuré d’un père égoïste et la réalité décevante qu’il impose continuellement à ses enfants. C’est dans un coup de crayon à la fois désinvolte et incisif que ce naufrage absolu d’une vie, au crépuscule de l’impérialisme colonial, nous est livré sans artifices.

À travers cette immersion dans un quartier haut en couleurs d’un Paris fantasmé, Brecht Evens nous plonge dans un voyage au bout de la nuit, où se croise une faune hétéroclite. Même si l’on suit le parcours de quelques personnages récurrents, c’est bel et bien cette folle nuit qui constitue le personnage dont on brosse, dans une aquarelle dense et puissante, un portrait acide et halluciné. Les discussions de terrasses s’entremêlent en un brouhaha enivrant, le décor chatoyant et foisonnant se fait hypnotique, les gens se frôlent sans jamais vraiment se toucher, perdus dans la frénésie ambiante… Un pur chef-d’œuvre !